Il y avait déjà la grippe aviaire 2022. Lourde de conséquences sur les élevages avicoles, ces derniers, depuis le mois de mars et l’éclatement du conflit ukrainien, se retrouvent impactés par une crise économique doublée depuis cet été d’une crise climatique très forte. Cette triple crise a des impacts évidents sur la hausse des prix et la consommation des Français, qui devront anticiper leurs achats s’ils ne veulent pas être victimes des pénuries à la fin d’année.
Dans cet article, nous donnerons la paroles à nos éleveurs pour vous éclairer sur l’impact de la crise sur la vie des élevages et sur la hausse des prix.
Crise économique et hausse des prix
La guerre en Ukraine a provoqué une véritable crise économique, impactant de diverses manières les agriculteurs et leurs élevages, la hausse des prix des matières premières et celle des produits finaux.
Les céréales
L’exemple le plus probant concernant les éleveurs n’est autre que le prix des céréales. En effet, l’Ukraine était un important producteur de blé – on la surnomme souvent le « grenier de l’Europe ». Le fait qu’elle soit en guerre a provoqué la flambée du cours du blé, qui, venant à manquer, est devenu une denrée couteuse ! Pour la Ferme des Hautes Granges, Carmen nous confie que le coût de l’alimentation a augmenté de 30 % ! Et concernant le maïs grain en particulier, utilisé pour le gavage, il a augmenté de 66 % par rapport à l’année 2019/2020 : 180 € la tonne alors, 300 € aujourd’hui ! Sonia, des Poulets de la Marquise, touchait avant la guerre la “tonne de démarrage” (un mélange de céréales utile au bon développement de la volaille durant ses premières semaines) à 600 €, aujourd’hui, elle est passée à 800 €, soit 33% d’augmentation.
Les énergies
En ce qui concerne la hausse du prix des énergies (gaz et électricité) induite par le conflit ukrainien, elle impacte aussi violemment le quotidien de nos éleveurs. Et plus particulièrement quand ces derniers reçoivent leurs volailles à un jour, comme c’est le cas de Sonia. En effet, le gaz est nécessaire pour chauffer les poussinières. Par ailleurs, nombre d’entre eux sont des élevages de petite taille, ils ne prennent part à aucun groupement, ce qui fait qu’ils n’ont généralement aucun impact pour négocier comme les gros industriels pour avoir des prix compétitifs.
L’impact de la crise écologique
La sécheresse…
La sécheresse de l’été 2022 est sans précédent. Les températures exceptionnelles et l’absence de pluie ne seront pas sans conséquences sur le quotidien des éleveurs. En effet, une hausse supplémentaire des prix va toucher ces derniers, car la sécheresse impacte directement les récoltes de céréales. Si, à la fin de l’été 2022, les animaux sont encore nourris sur les céréales récoltées l’an passé, l’impact financier de la sécheresse vis à vis des récoltes de l’été 2022 va se faire ressentir cet automne. Cela viendra s’ajouter à celui du conflit ukrainien et de la spéculation inévitable qui va avec.
Ensuite, la sécheresse a également eu des conséquences sur la croissance des volailles. Sonia nous explique que les volailles, souffrant de la chaleur, ont moins mangé, et ont donc atteint des poids beaucoup moins élevés.
A la Ferme Grandvillain, où les volailles demeurent en temps normal en plein air, la sécheresse a des impacts directs sur le catalogue des produits. Les volailles ne sont pas allées comme à leur habitude aux prés, car l’herbe avait tout bonnement… disparu ! Cela implique alors la hausse du coût de production des volailles. En effet, l’alimentation coûte plus cher et le stock de volaille est moindre, mais aussi la hausse du coût de production des produits transformés.
Didier nous expliquait ainsi pourquoi il stoppait la production de ses fameux cordons bleus, réalisés avec des filets de poulet.
Pour les rentabiliser, nous devrions les vendre 10 € pièce, ce qui est impensable ! Un repère économique intéressant : le cours du filet de poulet. Au début de l’année 2022, il était autour de 7 ou 8 € ; actuellement, il est monté à 14 € ! Cela montre le niveau de l’inflation et à quel point le coût de production de la volaille a flambé. Nous ne pouvons plus faire face : même si nous sommes éleveurs et que nous produisons nous-mêmes nos filets de poulet, le coût de fabrication de notre cordon bleu nous coûte trop cher. Et au delà du coût de la volaille, les matières premières utilisées pour la confection du cordon bleu sont devenues hors de prix : l’huile, très utilisée pour la panure, était à 50 centimes le litre, et est passée aujourd’hui à 3,65 € ! Des prix multipliés par 6,3 !!! Enfin, il s’agit d’un produit artisanal : le coût de main d’œuvre est donc très important également. Et malheureusement, l contexte nous pousse à faire plus attention et à serrer la ceinture.
… Et autres dérèglements climatiques
Mais les dérèglements climatiques s’étaient faits ressentir déjà en 2021, comme nous l’explique Sonia :
il y a un an et demi, début 2021, la Bretagne a été touchée par une grosse vague de pluie : il a plu régulièrement pendant 6 mois, ce qui a eu pour conséquence de faire pourrir et/ou fondre les graines, semées en novembre. Cela a donc eu une conséquence sur le prix de l’alimentation des volailles, qui a flambé… L’an dernier, beaucoup de pluie l’été : la paille a donc manqué…
Sonia de nous expliquer aussi, que, du fait de la sécheresse, la terre souffre aussi énormément. Elle est tellement sèche que l’approvisionnement des nappes phréatiques ne se fait plus… L’eau, quand elle tombe, part encore plus vite dans les fossés et vers les rivières. Le ruissellement est encore plus prononcé.
En conséquence, la triple crise, sanitaire (grippe aviaire 2022), économique et écologique, qui touche la France, aura de fortes retombées sur la consommation des Français, marquée par la hausse des prix et les pénuries. Ces derniers ne pourront envisager leurs repas de fêtes comme habituellement. En effet, des pénuries vont toucher plusieurs produits, comme le foie gras ou la volaille de chair. Nous vous incitons par conséquent à anticiper vos achats, en commandant en ligne vos produits, et en congelant votre foie gras et votre volaille.