Dans un récit fascinant David de Souza nous raconte la genèse de la Ferme des petites Brossardières. Découvrez comment sa passion pour le végétal l’a poussé à se lancer dans un travail de titan : construire sa propre ferme indépendante et naturelle, ce qu’il appelle tendrement “mon jardin d’Éden”.
Depuis quand êtes-vous producteur ? Parlez-nous un peu de vous…
Je m’appelle David de Souza et me suis installé en maraîchage en 2020 à 35 ans. Je suis ce qu’on appelle un NIMA (Non Issu du Monde Agricole) puisque ayant grandi en Île-de-France je suis ingénieur mécanicien de formation initiale. Il s’agit donc d’une reconversion professionnelle.
Pourquoi avoir choisi ce métier ? Qu’est ce qui vous plaît dans ce métier ?
Pourquoi cette reconversion, comme on me le demande souvent : J’ai toujours aimé les plantes et le végétal. Je souhaite également donner une autre dimension à mon travail, en proposant des légumes sains, produits en symbiose avec la nature, plutôt qu’en participant au développement de véhicules hauts de gamme. Et enfin, bien qu’étant physique et éprouvant, le fait de travailler en extérieur plutôt qu’assis derrière un ordinateur offre un tout autre confort de vie.
La vie, justement, ainsi que la santé, m’a détourné de cet objectif en m’éprouvant moralement et physiquement (Décès de mon père alors que j’avais 16 ans suivi de la découverte que j’avais hérité de sa maladie génétique, ablation du colon à 17 ans, tumeur au cerveau à 28 ans… entre autres, malheureusement). C’est pourquoi j’ai choisi la voie de la facilité en faisant des études d’ingénieur. Voie de la facilité, car j’avais des facilités à l’école et c’est une activité qui me plaît.
Et donc une fois mes problèmes de santé assez loin derrière pour avoir repris confiance en moi, j’ai préparé ma reconversion en faisant des stages, en France, Espagne, Amérique Latine et Australie, ainsi qu’un BTS A (A pour Agricole). En me nourrissant également d’ouvrages, vidéos et conférences sur la permaculture, l’agriculture du vivant, le maraîchage sur sol vivant…
J’ai ensuite acquis, en 2019, une maison avec un grand terrain (4,1 ha) dans les Deux-Sèvres, afin d’en faire une ferme et démarrer ma nouvelle vie. Le terrain étant vierge, s’agissant d’une prairie où pâturaient des chevaux, j’ai la liberté de le modeler selon mon objectif de produire de façon naturelle. De plus, ce terrain est dans la « gâtine », terres réputées argileuse et de mauvaise qualité, qui, de fait, n’a pas subi les ravages du remembrement (Les 4,1 ha sont répartis sur 4 parcelles dont je prépare et utilise aujourd’hui 3000 m2 d’une parcelle de 1,4 ha). Des amendements passés font qu’aujourd’hui ma terre est de bonne qualité, ainsi je bénéficie de l’avantage sans les inconvénients.
Depuis je suis en phase d’installation, car ce modelage demande bien du temps et des efforts. J’ai déposé 15 tonnes de foin pour étouffer la prairie en gardant le sol vivant, planté 600 m de clôture, planté 106 arbres dont 80% de fruitiers (20 figuiers, 20 pommiers, 10 poiriers, pruniers, cerisiers, abricotiers…) pour cultiver en agroforesterie, j’ai planté lavandes, rosiers, sauges, romarins et lauriers, afin de promouvoir la biodiversité, ainsi que d’autres plantations pour être, à terme, autonome en paillage… Je crée ainsi ce que j’appelle mon jardin d’Éden.
On devine qu’au milieu de tout cela il ne me reste que peu de temps pour cultiver, c’est pourquoi ma production est encore fort modeste, ce que je peux me permettre grâce au soutien moral et financier de ma famille. Comme je le dis souvent, il s’agit de reculer pour mieux sauter. Je le fais avec la conviction et la perspective, à terme, de pouvoir me consacrer à mes cultures tout en laissant un maximum de place à la nature.
Vous l’aurez compris, je suis intimement convaincu que la nature est infiniment puissante et souhaite la promouvoir, lui laisser la place de s’exprimer et de m’aider (à moins que ce ne soit moi qui l’aide, la canalise).
Et les légumes dans tout cela ?
Grâce à cet aménagement, ce rétablissement d’une grande biodiversité, je peux me passer de tout traitement. De plus, le fait de cultiver sur sol vivant, des variétés anciennes et non hybrides F1, permet d’améliorer les qualités nutritionnelles, sujet auquel mes problèmes de santé, entre autres, m’ont particulièrement sensibilisé.
Les qualités nutritionnelles sont fondamentales, c’est indéniable, mais encore faut-il donner envie de consommer ces produits. Ce qui remet le goût et l’aspect au premier plan.
Et ensuite, pourquoi Pourdebon ?
La question a été l’objet d’une longue réflexion. Je me suis longtemps demandé comment valoriser une production qualitative. Valoriser sur le plan financier certes, mais également moral, gustatif. Toucher des clients sensibles à mes produits, le soin que j’apporte à leur culture, leur préparation. L’importance qu’a pour moi un environnement et un mode de culture naturels, bien plus que bio. L’importance également des qualités nutritionnelles, organoleptiques.
Et c’est en cherchant à répondre à cette question que j’ai trouvé le service Pourdebon, qui m’a semblé correspondre à mon souhait. La collaboration est encore balbutiante, car je n’ai encore que bien peu à vendre, faute de temps et à y consacrer, mais c’est prometteur. Comme on dit, Rome ne s’est pas fait en un jour, alors je demande encore un peu de patience et d’indulgence…
David de Souza – Ferme des petites Brossardières
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