Accueil » Focus » Être une femme chez les producteurs
être une femme chez les prducteurs

Être une femme chez les producteurs

Le 8 mars, c’est la journée internationale du droit des femmes. Chez Pourdebon, c’est une date particulièrement importante car une grande partie de nos producteurs (éleveurs, agriculteurs, maraichers, artisans…) sont des femmes, que nous avons ainsi souhaité mettre à l’honneur. Nous les avons donc interrogées sur leur condition de femme dans un monde particulièrement masculin. Ont-elles dû faire leurs preuves ? Ressentent-elles des inégalités ? Elles partagent avec nous leurs expériences.

Être une femme chez les pêcheurs

être une femme chez les pêcheurs

Nieves Castejon, gérante de Camargue Coquillage, entreprise productrice d’huitres et de moules depuis 1995, nous dit ceci :

Ma condition de femme dans un univers masculin a été pour être honnête complexe au début. Complexe dans le sens où il fallait redoubler d’efforts pour être considérée à sa juste valeur. Une fois que ma légitimité a été reconnue par la majorité de mes confrères, le quotidien a été beaucoup plus « simple ».

J’ai dû en effet faire mes preuves de manières informelles. Pour illustrer ces propos, je peux vous raconter mon expérience lorsque j’ai dû retourner « sur les bancs de l’école » afin d’obtenir mes diplômes nécessaires à la gestion d’une exploitation conchylicole (Capitaine 200). Nous étions, lors de ces cours, deux femmes, une amie et moi. Au quotidien, les pêcheurs nous ont pris sous leurs ailes en considérant que nous ne connaissions pas grand-chose sur l’exploitation et la gestion conchylicole. Très rapidement, il s’est avéré que nous étions bien plus qualifiées, appliquées et sérieuse dans les « devoirs » que la majorité d’entre eux. J’ai  fini major de ma « promotion ».

Aujourd’hui, une exploitation repose énormément sur la gestion et sur l’organisation du travail. Compétences considérées comme « féminine » par la majorité des pêcheurs avec un adage qui illustre parfaitement ce fait « la mer c’est pour les hommes, et le bureau c’est pour les femmes ». Aujourd’hui, sans une bonne gestion « au bureau », une entreprise n’est pas viable. Grace à ce fait, les pêcheurs « hommes » ont rapidement compris l’intérêt de cette complémentarité dans les compétences propres à la gestion et au développement d’une entreprise. Certains d’entre eux ont embauché leur femme . Je pense que nous, les femmes, sommes plus minutieuses et perfectionniste. Avec ces qualités, nous compensons largement le fait d’avoir moins de force pour le travail physique.

Personnellement je ne ressens pas d’inégalités, le chemin parcouru et la légitimité obtenue au fil du temps m’ont permis aujourd’hui de me faire accepter totalement dans la profession et par mes confrères. Au quotidien, je milite pour que les femmes dans notre zone de production soient considérées à leur juste valeur.

Aujourd’hui, les exploitations les mieux gérées et les plus pérennes de notre zone d’activité sont celles où les « femmes » ont un vrai rôle à jouer dans la gestion des organisations.

Nieves CASTEJON

Être une femme chez les viticulteurs

Brigitte et Corinne Dousseau, gérantes du Domaine Sergent, domaine viticole transmis de génération en génération depuis 1905, nous donnent leur réponse.

Quelle chance que de faire un métier que l’on a choisi, quelque soit le métier ! Au quotidien, nous sommes exigeantes, en quête de perfection car c’est par le résultat de notre travail qui prouve que nous avons notre place dans ce métier masculin.

Le vin est à l’image de la personne qui le vinifie, chaque vigneron homme ou femme lui transmet de sa personnalité, de son caractère, de ses goûts, de son vécu … Notre « patte » féminine dégage plus de sensibilité et d’émotion. Et notre récompense c’est la satisfaction de nos clients !

Brigitte et Corinne DOUSSEAU

Etre une femme chez les agriculteurs

Clémence Maisons - chips belsia

Clémence Maisons est la gérante de la Ferme de Létourville où sont produites les Chips Belsia.

Effectivement être une femme dans un métier plutôt masculin est plutôt difficile. Au regard des autres, nous ne sommes pas légitimes. Je dirais que c’est plus long pour se faire sa place. Mais a force de travail, de communication et d’abnégation , les salariés, collaborateurs finissent par comprendre que l’on est tout aussi capable. Il faut juste du temps et prendre sur soi !

Clémence MAISONS
Marion Breteau Sa majesté la Graine

Quant à Marion Breteau, en tant que gérante de la ferme familiale Sa Majesté la Graine, elle nous dit ceci :

En tant que femme, quand on souhaite intégrer le milieu agricole, en effet il faut faire ses preuves, 2 fois plus que pour un homme. Tant au niveau physique qu’au niveau des connaissances/expertise. Il faut prendre les devants, s’imposer, montrer qu’on est capable de faire aussi bien (voir mieux des fois !) que les hommes, même si on fait différemment.

Aujourd’hui je me sens très bien intégrée dans ce monde où j’observe de plus en plus de femmes courageuses et expertes, ça fait plaisir ! De manière générale j’ai été bien accueillie. Mais il y a encore du chemin, notamment au niveau des instances de décisions (conseils d’administrations des organismes professionnels agricoles notamment) où les femmes sont très peu présentes…

Marion BRETTEAU

Être une femme chez les artisans

Luisa Delpiano Inversi, fondatrice de Pasta Piemonte nous raconte son impressionnant parcours.

Je suis l’ancienne conseillère d’égalités de chances de mon Ordre Professionnel (ingénieurs diplômés) auprès du Ministère à Rome, la où j’ai vécu ma première vie en Italie). Les femmes ne représentaient que 2,7% du corps de métier. J’ai fondé en 1998 sur LINKEDIN  le groupe PARI OPPORTUNITA’ ITALIA (égalité des chances en Italie) que j’anime et qui compte aujourd’hui 600 adhérents.

En France, je n’ai pas trop ressenti le fait d’être une femme peut-être parce que que je suis arrivée à 50 ans sans ne plus avoir besoin de “combattre” pour affirmer mon point de vue et mon travail. Au contraire, depuis mon arrivée ici il y a 8 ans, j’ai eu le plaisir dans ma Ville de Menton d’être très bien intégrée (bien qu’étrangère) et devenir membre du CA d’Initiative France,  Trésorerie de l’Association des Commerçants (postes duquel j’ai démissionné) pour me consacrer actuellement à mon poste de Secrétaire de l’APCM (IGP CITRON DE MENTON) et de Membre du CA du Lycée Hôtelier Paul Valéry de Menton. En fin de compte, je dirais que j’ai fait plus de “carrière” en France en 8 ans !

De mon coté, je vois que l’artisanat et la restauration sont des métiers plus masculins donc moins de chance d’échanger avec d’autres femmes.

Luisa DELPIANO INVERSI
Être une femme chez les artisans patissier

Sophia Macédo nous raconte l’histoire d’Antonia et Sandra qui gèrent depuis deux générations maintenant la maison de gastronomie portugaise Canelas.

Il faut savoir que Canelas est avant tout une histoire de femmes…

Tout démarre en 1982, avec le coup de cœur d’Antonia Gonçalves pour une boulangerie. Femme de passion, elle convainc son époux de la racheter pour y recréer les délices de leur enfance, au Portugal. Patiemment, ils la restaurent, l’équipent, explorent les traditions. L’amour d’un couple, d’un patrimoine gastronomique et le désir de perpétuer les coutumes chères ont créé LA Maison de référence, au service du prestige : Ambassades, Centres culturels… Et le Pastel de Nata fait main le plus renommé de France.
 
Aujourd’hui Sandra Gonçalves fille d’Antonia a repris le flambeau de cette belle mission avec un objectif : faire découvrir la gastronomie portugaise. Ces deux femmes sont les garantes d’un savoir-faire unique, respectueux des véritables traditions culinaires portugaises.

Sophia MACEDO
Être une femme dans les conserveries - Sandra Kerloc'h

Sandra Kerloc’h nous raconte que chez Secrets de famille, 7 sur 9 personnes, dont les 2 co-gérantes, sont des femmes

Pourriez-vous me dire en quelques mots comment vous vivez votre condition de femme dans un univers plutôt masculin ?

Je ne me suis jamais posé cette question en ce sens. Pour moi ce discours est dépassé. Il est certain que des inégalités persistent encore en 2021 et que nous devons œuvrer pour les effacer mais je ne pense pas que ces inégalités soient du seul fait des hommes.

Il appartient aux femmes de se faire confiance, de se cultiver, de lever leurs propres freins et de s’autoriser à accéder aux fonctions qu’elles souhaitent, de faire carrière, d’être indépendante, d’être autonome financièrement, d’être libre. Cela demande une prise de conscience, des efforts, peut-être même des sacrifices mais c’est, d’après moi, la seule façon d’être tout simplement soi.

Avez-vous dû faire vos preuves ?

J’ai fait quelques études, j’ai traversé des épreuves et me suis nourrie des difficultés rencontrées, j’ai mis à l’épreuve ma confiance en moi notamment dans des épreuves sportives, tout cela pour me construire et devenir celle que je suis aujourd’hui. Je n’ai rien à prouver à personne si ce n’est à moi-même, dans le respect de ma féminité et de mes valeurs, aucun homme n’a à voir avec cela.

Ressentez-vous des inégalités ?

Je ne ressens pas d’inégalité, elles existent, elles sont une réalité mais pas une fatalité ! A nous toutes de nous faire confiance, de nous battre, d’éduquer nos filles et d’échanger avec nos pères, nos époux, nos fils, nos patrons, nos politiques, pour que les mentalités évoluent.

Une femme qui vous inspire ?

Simone Veil. Tout le monde connaît son histoire, ses combats, je ne reviendrai pas dessus. Ce pourquoi j’admire cette femme c’est, il me semble, parce qu’elle a su mener sa vie avec force, conviction, détermination, tout en préservant sa féminité, sa dignité, sa douceur ! Et ça, seule une femme en est capable !

Sandra KERLOC’H
Sillage Maroquinerie

Pauline AUBRY, gérante de Sillage Maroquinerie donne de l’espoir aux femmes en nous parlant de sa propre expérience.

Pour ma part, l’univers de la Maroquinerie et l’univers de la création dans lesquels j’évolue sont plutôt féminins. J’ai toujours ressenti de l’entraide, dans ma formation, dans mon travail lorsque j’étais salariée d’une grande maison, et maintenant entre créatrices. Il faut faire ses preuves chaque jour, chaque pièce doit être parfaite pour satisfaire tant le client que la Market place ou la boutique qui nous fait confiance et nous met en avant, mais aussi pour nous ! Dans la création d’entreprise, j’ai effectivement l’impression que nous avons une légitimité supplémentaire à prouver par rapport aux hommes, mais nous relevons le défis !

Pauline AUBRY

Pour retrouver tous les produits de nos productrices et producteurs, rendez-vous sur notre site.

A bientôt !

 
Résumé
Être une femme chez les producteurs
Article Name
Être une femme chez les producteurs
Description
Le 8 mars, c'est la journée internationale du droit des femmes. Chez Pourdebon, c'est une date particulièrement importante car une grande partie de nos producteurs (éleveurs, agriculteurs, maraichers, artisans...) sont des femmes, que nous avons ainsi souhaité mettre à l'honneur. Nous les avons donc interrogées sur leur condition de femme dans un monde particulièrement masculin. Ont-elles dû faire leurs preuves ? Ressentent-elles des inégalités ? Elles partagent avec nous leurs expériences.
Author
Publisher Name
Pourdebon

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

*